Conversation entre Isha et Dan, sur la connexion avec notre Être Psychique
Dan : Bonjour Isha, pourrait-on commencer par ce que tu nous as partagé l’autre jour, ce sentiment de suffocation ?
Isha : Oui, ça fait depuis quelques mois, disons, que je me rends compte de cette suffocation que je ressens intérieurement, malgré que là où j’habite je suis dans un bel endroit, je suis en bonne santé, tout autour de moi semble bien en harmonie, mais malgré ça il y a cette suffocation et je me pose la question, mais c’est tous les matins, il y a ce sens de suffocation qui vient et ça m’a refait reprendre les livres de Satprem au sujet de la vie sans mort et la Genèse du surhomme et quand j’ai ouvert la première page qui parle de suffocation, alors c’est pour ça que je me suis dit, bon si je suis dans cette suffocation c’est peut-être une étape nécessaire pour changer de conscience ou pour sortir justement de cet environnement mental qui en fait, je ne sais pas comment dire, me prend, me sort par tous les pores de la peau et je n’arrive plus du tout à…
Dan : Est-ce que tu peux élaborer un peu sur cette suffocation ? Pour voir si justement dans notre audience il y a des gens qui vont lire ce témoignage ou l’écouter, s’il y a des gens qui ressentent la même suffocation. Est-ce que ça s’accompagne de quoi que ce soit, est-ce que c’est émotionnel, est-ce que c’est physique, est-ce que c’est mental, comment tu pourrais le décrire sur les différents plans ?
Isha : Cette suffocation pour moi n’est pas trop physique.
Dan : Ok. Donc il n’y a pas de nausée, il n’y a pas d’étouffement, pas d’angoisse ?
Isha : Non, il n’y a rien de tout ça, pas de physique. Côté émotionnel, c’est comme si j’en avais assez de ce monde où je suis et que je sais que ce n’est pas la réalité, que ce n’est pas le vrai monde. C’est comme si je sens que j’ai, bon comme le dit si bien Satprem, je touche le bocal. Avant, quand j’avais commencé à lire Satprem, ça fait très longtemps, et puis qu’il disait “il n’y a rien à déplorer, tout est déplorable”, je dis “il exagère un peu”, mais à ce moment-là, je nageais encore bien dans ce bocal, je ne sentais pas les limites, et là, c’est comme si, c’est pour ça, c’est quelque chose d’intérieur, c’est comme si je sens les limites, et maintenant, il y en a assez, c’est comme un peu le poussin qui est dans sa coque, et tant qu’il a à manger, tant qu’il se sent à l’aise, ça va. Et puis à un moment, il n’y a plus beaucoup de nourriture, il commence à grandir, la coque devient trop petite, et c’est un besoin en fait. Il est obligé de monter vers le haut, et puis avec son bec de casser la coque par le haut en fait. Il ne la casse pas par le bas, où normalement les poussins, quand on voit qu’il éclot, c’est par le haut. Et là, c’est la même chose pour moi, c’est comme si il y a cette suffocation, et c’est ça, c’est le poussin qui… J’ai eu plein de liens, comme par exemple le poussin, la grenouille, tout ça, ça me parle beaucoup, parce que ce sont des choses qui sont là, et si on les regarde, je me dis en fait, c’est un nouveau pas dans l’évolution, et celui qui commence à suffoquer sans apparence, disons parce que je pourrais dire, si j’étais dans la misère, si j’avais des grands challenges personnellement, ce qui n’est pas le cas, et je suffoque plus que quand j’avais tous ces challenges.
Dan : Ok, donc ça n’est pas physique, ça ne correspond pas à une émotion en particulier, c’est pas non plus un état mental, donc ça serait quoi, ça serait un état de conscience en particulier ? Comment pourrais-tu traduire ça, un état de conscience spécifique ?
Isha : C’est difficile à traduire, c’est un malaise.
Dan : Tu utilises des analogies, comme le poussin ou comme la grenouille, pour montrer un petit peu ce que tu vis. Alors cette sensation, on va rester sur une sensation, de suffocation, elle est là en permanence, elle est là plus à certains moments, tu parlais de réveil tout à l’heure, ou c’est quelque chose qui est constant en toi ?
Isha : C’est toujours là. C’est toujours là. Et même la nuit je me réveille et la seule chose que je fais, j’essaye d’être conscient, de respirer consciemment et d’appeler, c’est comme un appel, d’appeler, d’appeler à sortir de ça. Et la nuit j’ai plus la possibilité parce que je suis plus, il n’y a rien extérieurement qui me, comment on appelle ça ?
Dan : Qui déclenche des réactions, tout est calme autour de toi.
Isha : Oui, oui, disons qui m’extériorise.
Dan : Qui sollicite ton attention.
Isha : Voilà, à ce moment-là, la nuit, je peux être pendant deux, trois heures à juste demander à ce que ça cesse, c’est un peu comme le poussin, comme je dis, et là c’est comme ça la nuit et surtout ces derniers temps.
Dan : Ok, donc tu dirais que c’est un…
Isha : C’est un appel. Voilà, c’est une inspiration à que quelque chose se passe.
Dan : Tu disais, ok, je suis prête.
Isha : Je suis prête. Je demande, je ne dis pas moi je suis prête, je dis à mère si je suis prête, mais il y a cet appel. Et puis j’essaye de respirer consciemment parce que aussi j’ai vu que Jean Minot parlait qu’une des bases du yoga pour changer de conscience c’est l’aspiration. Et alors en aspirant, disons, par un certain, je ne sais pas comment dire, bon je le fais, disons, j’aspire et c’est comme si je suis vraiment centrée dans cette aspiration, dans cet appel.
Dan : Ok, mais tu utilises aussi la respiration dans ce genre de…
Isha : La respiration, si je suis consciente, à ce moment-là je suis beaucoup plus consciente de la respiration. Et c’est comme une aspiration.
Dan : Ok, donc tu associes l’aspiration qui est quand même un phénomène, je dirais, de conscience, à l’inspiration aussi qui est un phénomène physiologique, physique.
Isha : Pour moi, inspiration et aspiration, si on est conscient de ça, c’est la même chose. Si on est conscient de son inspiration, eh bien on aspire aussi à quelque chose d’autre, mais c’est pour moi.
Dan : Je comprends. Donc ça ce sont des moments, on va dire, privilégiés la nuit où tout est calme autour de toi et où tu peux faire cette démarche de manière consciente.
Isha : Bon, la nuit, quand tu dors, on n’en parle pas, sauf que peut-être ça influence aussi ton sommeil ou tes rêves, tout cet état. Normalement, avant d’être dans cet état, ou disons que je dors quelques heures avant, et là je vais sûrement très profondément pour…
Dan : Donc ça arrive régulièrement toutes les nuits que tu te réveilles et que tu fasses cette pratique consciente ?
Isha : Oui, oui, c’est assez courant.
Dan : Donc maintenant dans la journée, comment tu fais pour vivre avec cet état de suffocation ?
Isha : J’essaye d’être le plus consciente possible, le plus dans le moment présent. Là ça m’amène à être totalement dans le moment présent. Par exemple, là je viens du Pranayama, il y a un cours, il y a quatre jours, je me suis inscrite, parce que ça faisait longtemps que je n’y avais pas, et je me dis peut-être que ça, ça va me mettre encore plus dans ce moment présent.J’ai l’impression qu’en étant dans ce moment présent, intérieurement, ça va aussi aider. C’est mon impression d’aujourd’hui. Demain, c’est peut-être autre chose.
Dan : Ok, donc utiliser aussi les techniques de Pranayamapour conscientiser et tenter aussi d’utiliser, ou en tout cas de transformer cette sensation de suffocation et pour qu’elle soit féconde, on va dire, pour qu’elle amène à quelque chose, non ?
Isha : Oui, ça peut être un peu… disons, pour moi c’est comme si j’étais… Satprem le décrit bien, le bocal, quand on est arrivé au bocal, c’est le besoin d’en sortir qui est le moyen. Qui est le levier. Par exemple, c’est ma suffocation, disons, c’est ce que moi je sens, et c’est heureusement qu’il y a tous ces écrits-là qui me font voir que ce qu’il a écrit il y a 20 ans, 30 ans, c’est ce que je commence à vivre maintenant. Avant je l’avais juste mentalement, disons, déjà c’était une ouverture, mais là je le vis physiquement. Et je me dis, heureusement qu’il a écrit ça, parce que ça me donne quelques indices, chacun est unique, mais ça me donne quelques indices et je tâtonne. Alors là, il y a le workshop de Pranayama, j’y vais pour déjà me remémoriser certaines techniques et puis voir qu’est-ce qui pourrait… S’adapter à ta pratique et s’adapter à ta vie. À ce moment-ci, quoi.
Dan : Mais cette sensation de suffocation là dont tu parles, c’est quelque chose qui est apparu il y a combien de temps?C’est quelque chose de graduellement qui est apparu dans ta vie ou c’est quelque chose qui est arrivé du jour au lendemain, comment tu pourrais dire ça?
Isha : Je pense que c’est graduellement, il y avait, disons, c’est graduellement, mais je ne sais pas. Excuse-moi, je ne parle pas vraiment français, je parle plutôt anglais, mais après je mélange tout.C’est un peu le syndrome de la grenouille. Alors la grenouille, si on la met dans l’eau chaude, elle saute directement du bocal. Mais si l’eau commence à chauffer, chauffer progressivement, elle meurt. Parce qu’à un certain moment, elle reste. Et moi, c’est un peu comme ça, que ce malaise qui ne vient pas de l’extérieur, c’est venu là progressivement et maintenant, il est temps de…
Dan : Donc tu penses que fatalement, ça va conduire à quelque chose dans ta vie?
Isha Parce que j’ai toujours cette vision du poussin qui, à un moment, quand il est assez fort, il perce la coquille. J’espère que je pourrais sortir, disons, percer la coquille du mental ou je ne sais pas quoi.
Dan : OK, donc cette suffocation, tu as l’impression qu’elle s’accentue, qu’elle prend de plus en plus de force.
Isha : C’est pour ça que je m’en rends compte de plus en plus.Avant, c’était plus passager. C’est pour ça que je ne peux pas dire depuis combien de temps, parce que ça s’est venu graduellement. Et puis, justement, ce qui fait que la plupart des gens ne se rendent pas compte, c’est toutes les sollicitations extérieures. Alors on est sollicité ici, là, surtout si on a un travail qui commence à, disons, 9h jusqu’à 5h et puis qu’on est constamment pris par le mental, on ne se rend compte de rien. Peut-être que quand on revient à la maison, on se sent mal, mais on dit, on donne l’excuse qu’on a eu de trop de travail et ci et ça. Et en fait, cette sollicitude extérieure, qui est créée par le système. Ah oui, une autre chose, c’est que jusqu’à présent, j’ai toujours été un peu en dehors des systèmes. Et peut-être que c’est ça qui me fait voir la suffocation, pour moi. Parce que quand on est trop dans un système et puis qu’on fait partie du rouage, c’est très difficile de s’apercevoir de ça. Ceux qui font par exemple métro, boulot, dodo, c’est très difficile.
Dan : Est-ce que tu crois pas qu’à un moment donné, cette suffocation, on va dire cette sollicitation intérieure, devient plus forte que tout aussi, quelles que soient les conditions, même si c’est métro, boulot, dodo, qu’à un moment donné, ça soit vraiment tellement fort que ça pousse les individus aussi à prendre des décisions et à changer de vie ?
Isha : Ben, ça dépend des gens.
Dan : Je vais tourner ma question d’une autre manière. Si tu étais, toi, dans ce contexte métro, boulot, dodo, c’est-à-dire que tu sois très occupé ici à Auroville, dans un groupe, à travailler, est-ce que tu penses que cette suffocation serait moins prégnante, moins présente et que tu pourrais l’oublier ?Est-ce que c’est aussi ta disponibilité à être là-dedans qui fait que tu la ressens plus ?
Isha : Je peux pas répondre à cette question dans le sens que je suis maintenant à cette étape-là et peut-être que j’ai déjà eu des suffocations comme ça où j’étais, mais…
Dan : Il n’y avait pas l’espace, en fait, pour t’en préoccuper.
Isha : Voilà, peut-être qu’il n’y avait pas l’espace ni le temps de m’en préoccuper ou le vocal n’était pas aussi présent. Parce que c’est ça que je sens, c’est la présence de ces…
Dan : Alors, est-ce que c’est aussi parce qu’on évolue tous ?
Isha : Alors, ça peut être que, par exemple, il y a 20 ans, tout le monde était plus ou moins… Ok, il n’y avait pas encore les IA, l’Internet était à peine là, surtout en Inde, on n’avait même pas de portable. Il n’y avait pas les ondes et tout nocives que maintenant il y a. Est-ce que c’est parce qu’il y a ça et aussi un éveil progressif de l’humanité ? Parce qu’il y a quand même beaucoup de gens qui s’éveillent, tous les jours il y en a de plus en plus, heureusement. Disons qu’on ne sait pas vraiment d’où viennent tous ces changements atmosphériques qui se déroulent aussi en nous.
Dan : On peut considérer que tous ces paramètres dont tu parles ont tous leur propre responsabilité, sont tous la conséquence les uns des autres et arrivent tous en même temps.
Isha : Oui. Tout est lié. Par contre, en voyant mon état, je dis “Oh là là, mais Sri Aurobindo et Mère, et puis plus tard, Satprem et Sujata, pour ne parler que d’eux, parce qu’il y en a d’autres que je ne connais pas mais qui sont sûrement, qui ont été comme les pionniers et qui ont eu déjà cette conscience que ça c’était, on était dans un monde mental. Et c’est maintenant, avec la physique quantique, que tout ce qu’ils avaient dit, surtout Sri Aurobindo, que c’était un monde de projections, et puis même les yogis, ça fait des millénaires qu’on sait ça, mais là maintenant que c’est dit avec la physique quantique qu’on est dans un monde de dualité, de projections, la troisième dimension, ça fait peut-être ouvrir des perceptions qu’il n’y avait pas avant. Et des compréhensions. Et des compréhensions qu’il n’y avait pas en moi non plus il y a trente ans. Bon, j’ai eu cette immense opportunité de pouvoir accéder à la spiritualité à l’âge, disons quand j’étais assez jeune, et que c’est, bon, il n’y a jamais de hasard, c’est venu comme ça, mais au début, je me rends compte que là je suis beaucoup plus consciente qu’avant. J’étais dans une inconscience, et c’est à travers les livres, à travers mes expériences que cette conscience est venue, et maintenant, quand je disais, ben oui, il exagère le bocal, mais maintenant je sens les parois. Alors c’est là où je dis, voilà, il y a quelque chose. Et justement, surtout en relisant la Genèse du surhomme et la vie sans mort, où il dit qu’il y a des pas à faire, le chercheur, ben il se cogne partout, et puis d’un seul coup il voit une clairière, mais c’est quand il n’est pas dans le mental, c’est quand il est en dehors du mental, en observateur, et dans l’instant présent.
Dan : Alors, pour arriver à vivre avec ce sentiment de suffocation qui devient de plus en plus présent en toi, tu disais que ta technique ou ta pratique principale était de revenir tout le temps à l’instant présent, et ça c’est quelque chose qui est sous-jacent à ta vie de tous les jours, mais est-ce que tu as quand même, malgré tout, ça c’est pour aussi les gens qui vont lire ou écouter ce témoignage, est-ce que tu as des pratiques qui te sont favorables, qui te sont propices, qui t’aident ? Á part le Pranayama que tu viens de découvrir, mais c’est récent, on ne le saura que dans quelques temps si ça fait son effet, mais est-ce que tu pratiques certaines techniques certaines pratiques pour vivre avec tout ça ?
Isha : Je ne pratique, comment dire, j’ai touché à tout, dans toute ma vie j’ai touché à toutes sortes de pratiques, mais je suis d’une nature à ne pas pratiquer à long terme. Je suis un peu, comment dire, c’est très bien parce qu’il y a certaines personnes qui sont d’une nature, ou qui ont une routine, ils se lèvent et font ça, pour moi la routine ça m’emprisonne.Alors généralement, ou alors si je veux être dans une routine, je dois aller dans un groupe, c’est-à-dire si je vais par exemple à Pranayama, là pendant les quatre jours je vais me…
Dan : Et tu vas aussi continuer ?
Isha : Ça je n’en sais rien, le commitment, j’ai l’engagement pour ces quatre jours, mais après les quatre jours ça dépend comment mon être va le sentir. Ça peut, je peux le faire ou je ne peux pas le faire, ça je ne sais pas, je suis aujourd’hui. Et des fois, bon, ou qu’est-ce qui m’aide beaucoup, mais ça c’est mes activités, c’est comme je fais la cérémonie de thé, pendant la cérémonie de thé je suis en plein dans la conscience.
Dan : Tu fais ça tous les jours ?
Isha : Suivant les personnes qui viennent, par exemple aujourd’hui j’ai deux personnes qui vont venir, disons j’aurai deux cérémonies de thé, et là je suis à fond conscient et j’ai l’impression de… de… comment dire… de respirer, un peu.
Dan : Ah ok, tu sors un petit peu de ton sentiment, de cette sensation de suffocation, quand tu es concentré sur quelque chose dont tu sens que… comment tu pourrais dire, que ça canalise une certaine intention, une certaine force en toi, la cérémonie du thé ?
Isha : Pas seulement, c’est un peu la même chose avec ce que tu avais proposé avec les cercles avec l’être psychique. Quand j’avais pas besoin de parler, juste d’être focalisé sur l’être psychique et que les gens en parlaient, quel que soit ce qu’ils racontaient à ce moment-là, pour moi ça avait pas d’importance, en anglais, en allemand ou en français, je sentais quelque chose, et là le mental n’était plus là, et je pouvais être comme ça pendant quelque temps. Une autre chose, c’est la danse cosmique de Sandyra, où j’essaye d’y aller le plus souvent possible, et là aussi, quand je sors, je suis dans un état où il n’y a plus le mental et j’ai plus d’espace.
Dan : Ok, donc est-ce qu’on pourrait dire que cette sensation de suffocation, qui est le centre de notre conversation, elle s’estompe quand tu es dans une forme d’action, que ce soit l’atelier avec Sandyra, ou la cérémonie du thé, ou les discussions sur l’être psychique, tu es active, en fait, dans une action, dans une participation à quelque chose, soit c’est toi qui animes dans la cérémonie du thé, soit tu participes comme un participant dans un autre, mais où tu es consciemment dans une action, non? Tu n’es pas seul avec toi-même, on va dire.
Isha : Oui, par exemple, quand je bois le thé moi-même, je peux être aussi dans cet état-là, mais, comment je veux dire, le fait de partager avec d’autres personnes, ça, je ne sais pas comment dire, le fait de partager les ateliers et ci et ça, ça…
Dan : Ça te procure un soulagement, tu pourrais dire ça?
Isha : Non, non, non, c’est, ça, disons, les énergies autour, ça pourrait aider.
Dan : Ça te porte?
Isha : Oui, ça me porte à aussi pouvoir sortir quelques instants de…
Dan : ….. de cette coquille.
Isha : De cette coquille. De ce bocal. Oui, de changer, comme si ça pourrait commencer à faire un changement de conscience, mais c’est pas, c’est pas continuel. C’est pas durable, ça arrive occasionnellement à certains moments.
Dan : Donc, à certains moments, tu peux dire que tu, pour reprendre ton expression, tu as cassé cette coquille et tu te retrouves déjà dans un autre champ, d’accord?Et tu es pu, donc tu as quitté cette suffocation pour rentrer dans un autre champ. Et après, quand tu es porté pendant quelques temps, après, ça continue, mais après tu reviens, en fait. C’est pas définitif, on va dire, c’est pas durable.
Isha : Si, en fait, le fait que tu me dis ça, pourquoi est-ce que je sais que je suffoque? C’est peut-être parce que j’ai déjà touché à quelque chose d’autre qui ne suffoque pas. On peut parler de quelque chose que quand on a trouvé. Par comparaison, on va dire. Quand on a trouvé quelque chose d’autre. Je ne sais pas.
Dan : Et si on revient à ce que tu disais tout à l’heure, où les gens sont trop emprisonnés, en fait, dans une routine, ils n’ont pas eu la possibilité d’avoir accès à quelque chose d’autre qui, en fait, leur rappelle leur emprisonnement. Et c’est toi, comme tu as été aussi dans certains états de conscience différents, tu peux mesurer aujourd’hui ton suffocation parce que tu as touché du doigt ou de la conscience, en fait, d’autres états.
Isha : Oui. Et même, ça fait très longtemps que j’ai eu une expérience intérieure très forte. Mais à ce moment-là, je me sentais bien dans le bocal. Et alors, bon, ben, disons, si je retourne à ce moment-là, c’est encore là, vivant, parce que c’est quelque chose qui est là. Ce n’est pas comme une mémoire du mental qui n’existe plus. Si c’est un état intérieur, c’est pour ça que les yogis disent, bon, certains états sont ci, sont ça, parce que c’est là, à volonté, et si on émerge, on peut le retrouver. Et cette expérience-là m’est venue même avant de savoir qu’il y avait la spiritualité. Alors, ça, c’était… et j’ai eu la confirmation un an après, en lisant le premier livre de Satprem, “L’aventure de la conscience”. Et c’est là, je dis, mais c’est ce que j’ai eu, et heureusement, je n’ai pas été voir le docteur, parce que…
Dan : Pour revenir à ces percées que tu fais hors du bocal, qui arrivent soit à l’occasion d’un atelier, soit à l’occasion de la cérémonie du thé ou des cercles de parole, est-ce que ça t’arrive aussi spontanément dans la journée ? C’est à des moments où tu sors de cette suffocation, en étant toute seule, sans participer à une activité.
Isha : En fait, ce que je pourrais dire, c’est que… c’est difficile à dire. Il y a des moments où je suffoque plus, et il y a d’autres moments où c’est moins. Mais je ne peux pas dire… Que c’est forcément une percée hors du bocal. Pour moi, si c’était une percée hors du bocal, je pourrais y être tout le temps, en dehors. Et pour moi, ce que je ressens, c’est qu’il faudrait peut-être que je sois, comme tu dis, plus intériorisée plus longtemps. Par exemple, quand le mental n’est plus là, et c’était par rapport au cercle de l’être psychique, si je restais dans cet état peut-être un jour ou deux jours, le mental ne reviendrait plus à l’assaut. Et à ce moment-là, c’est ce que mère avait appelé, que je me rappelle, le changement de conscience. Mais ça, je l’ai eu aussi une fois, et là j’étais aussi imbécile. Et après, j’ai lu dans l’agenda, ceux qui ont cette expérience-là et qui veulent en sortir à tout prix, eh bien, ils sont des imbéciles. Et je dis merci mère, c’est mon cas. Parce qu’à un moment, le mental était parti totalement, et j’ai essayé de le rattraper en… Oui, bon… Mais c’était la jeunesse.
Dan : Alors pour finir cette conversation, est-ce que tu aurais un ou deux conseils, en fait, dans lesquels nos auditeurs ou lecteurs pourraient se retrouver ? Les gens qui ressentent cette suffocation, puisque c’est le thème central de notre conversation, qu’est-ce que tu pourrais leur conseiller ?
Isha : De ce côté-là, disons que s’ils sentent quelque chose, en fait, ce que je comprends de cette évolution et ce que mère et Satprem, c’est plutôt mère et l’agenda et les livres de Satprem que j’ai lu le plus, et ce qu’ils disent, c’est que c’est la suffocation qui est le levier. C’est ça qui fait que…Donc déjà, accepter cette suffocation et la reconnaître comme un élément important du développement, en fait, de l’individu. C’est-à-dire que pour passer au shift et à l’autre état de conscience, la suffocation est aussi un palier un petit peu incontournable, on va dire. Parce que justement, en relisant la Genèse du surhomme, il dit la suffocation, puis après il donne certains pas. Alors le premier pas, c’est un peu la clairière, on respire mieux, mais on est toujours… En fait, on ne change pas de… on est toujours ici, mais c’est le mental qui shift, je ne sais pas quoi.
Dan : La conscience plutôt.
Isha : Oui, c’est le mental qui est au service de la conscience et ce n’est pas vice-versa comme maintenant. Et alors, il donne justement ces… Dans la Genèse du surhomme. Oui, là je suis en train de le lire, je n’ai pas fini, alors il donne…
Dan : On pourra donner la référence peut-être, si tu te rappelles de ce passage en particulier dans le livre.
Isha : Ah non, non, c’est chaque chapitre, il y a le premier pas, après il y a le deuxième pas, le troisième. Alors, d’un seul coup, on… Disons qu’on respire, et puis c’est comme si c’était une petite clairière, après ça revient, et puis après… Il dit que c’est un monde tout à fait nouveau et il y a les synchronicitésqui viennent. Bon, justement, c’est quand on est dans l’instant présent, d’être le plus dans l’instant présent, ça fait aussi qu’on ne donne pas trop de… D’importance. D’importance au mental.Parce que, mais ça c’est pas facile, parce qu’on est souvent dans le passé, dans le futur, mais justement le présent, le mental n’aime pas trop le présent. Alors, là aussi j’ai une référence, tu vas rigoler, Kung Fu Panda, la tortue Oogwayavait dit à Paul que le passé est… Bon, je peux le dire en anglais.Le passé est l’histoire, ça n’existe plus, le futur est un mystère, ça n’existe pas encore, l’instant est un présent pour toi, et c’est en vous donnant.
Dan : On conclut sur cette phrase, merci beaucoup Isha.